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La Nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale Américaine de Trump

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Image credit: MANDEL NGAN, AFP/Getty Images

POLICY UPDATE

by Ferry de Kerckhove
CGAI Fellow
December 2017

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La Nouvelle Stratégie de Sécurité Nationale Américaine de Trump

Ce qui est toujours amusant avec le président Donald Trump c’est de comparer le document publié et ce qu’il dit en le présentant. On sent Trump piaffer devant un texte qui, même s’il contient des éléments de la « pensée » du président – sans doute un mot un peu riche en l’occurrence – essaie quand même d’exprimer une réflexion cohérente et, autant que possible, respectueuse des fondements de la politique américaine et des alliances incontournables. Par exemple, il n’y a pas de « mur » anti-Mexique dans le texte mais Trump en a invoqué l’impérieuse nécessité dans son discours qui, au demeurant, ressemblait en tous points à une campagne électorale.

Qu’il ait consenti à des compromis avec son secrétaire de la défense et aux chefs d’états-majors, indubitablement, et que la première lecture donne l’image d’une pérennité du rôle de leadership des États-Unis dans le monde, c’est indéniable. Mais d’une part, il y a plus d’engagements ou objectifs généraux que de réelle stratégie d’engagement et, d’autre part, l’architecture qui sous-tend ces engagements demeure très confrontationnelle. Le rejet de l’isolationnisme que l’on craignait, se traduit par une affirmation agressive de la notion « America First ». En outre, l’absence d’esprit de conciliation se traduit par une réelle hostilité envers l’inclusion d’adversaires dans les institutions multilatérales politiques, économiques et commerciales, du moins comme technique de transformation de ces adversaires en « amis ». Cette dureté, ce rejet de l’inclusivité se répercute dans les quatre piliers de la politique de sécurité mais en revanche ceux-ci lient étroitement économie et sécurité.

  1. La protection du peuple, du territoire et de la mode de vie américaine (bien que celle-là ait de solides progrès à faire en termes d’inégalités même si l’ambassadeure des États-Unis nous souhaite de devenir comme eux!), avec tout ce que cela implique au plan contrôle des frontières et de l’immigration.
  2. La promotion de la prospérité américaine axée sur le protectionnisme et le redressement des déséquilibres commerciaux – l’ALENA reste plus que jamais dans le collimateur trumpien.
  3. La préservation de la paix par la force avec, ironiquement de la part du « maître du monde » empêcher que les régions du monde ne soient dominées par une seule puissance. Mais c’est le même Trump qui, dans son discours fleuve aux Nations Unies, avait essentiellement reconnu les zones d’influence dont Xi Jinping et Vladimir Poutine se prévalent largement. Il y a évidemment le rappel des obligations des alliés de partager le fardeau. Même le Canada a compris quoique la couleur de l’argent reste pâle. L’agressivité du discours se retrouve dans l’expression « capable de combattre et de vaincre ». Pas d’encensoir pour le multilatéralisme d’accommodement!
  4. Faire progresser l’influence américaine : là encore, un langage de confrontation : « concourir et mener dans les organisations internationales ». Même si la doctrine évoque la générosité des États-Unis, le budget de l’aide extérieure américaine ne semble guère se relever des assauts républicains et on rappelle que « les autres » doivent porter leur part de responsabilité. Le donneur de leçons devrait regarder les budgets d’aide européens … pas celui canadien qui stagne!

Cela dit, la doctrine, tout en reflétant une vision souvent aux antipodes de la présidence de Barack Obama, n’en couvre pas moins des éléments incontournables dont la menace nord-coréenne, l’Iran, le « djihadisme terroriste » que Trump appelle par son nom, les trafiquants de drogue et de personnes, et la menace réelle des attaques par des armes chimiques, radiologiques et biologiques. Il y a peut-être un passage que Trump n’a pas lu puisqu’il n’a pas biffé la référence aux adversaires qui « interfèrent dans nos processus politiques ». Il évite toutefois de frapper directement les immigrants, évoquant plutôt le besoin de frapper « à la source ». Ce n’est certainement pas en aidant l’Arabie Saoudite à pilonner le Yémen que la source va tarir, bien au contraire.

Il y a une phrase incompréhensible – donc trumpienne – quand il est question pour les États-Unis de « faire sienne la domination énergétique ». Serait-ce une façon de justifier le rejet des énergies proches? En fait, cela veut peut-être signifier que les États-Unis devraient contrôler l’acheminement des ressources pétrolières et gazières dans le monde, par exemple les hydrocarbures du Moyen-Orient à destination de la Chine et de l’Inde? Évidemment, il y a impasse sur le changement climatique.

Il y a d’autres phrases creuses, comme la notion de « diplomatie compétitive » surtout avec un « State Department » aux abois! Mais celle qui l’emporte – ou encore que n’importe quel pays pourrait faire sienne – est la suivante : « nous avons besoin de stratégies régionales intégrées qui tiennent compte de la nature et la magnitude des menaces, de l’intensité de la concurrence et des promesses qu’offrent les opportunités disponibles, le tout dans le contexte des réalités politiques, économiques, sociales et historiques ». Difficile de faire mieux.

En revanche il y a une phrase révélatrice : « la Chine, la Russie et d`autres états ou acteurs non étatiques reconnaissent que les États-Unis voient le plus souvent le monde en termes binaires, les états étant soit « en paix » soit « en guerre » alors qu’il existe en fait une arène de concurrence permanente ».

Le ton électoral de la présentation par Trump de sa stratégie explique sans doute que contrairement à ses prédécesseurs, il ait décidé d’émettre cette doctrine avant la fin de sa première année au pouvoir. Mais cela a le grand désavantage de manquer de spécificité et surtout de passerelles concrètes à l’intention des alliés des États-Unis. La litanie banale des régions en crise à travers la planète n’aboutit à aucune stratégie définie. La doctrine se résume à dire « soyons réalistes et non pessimistes ».

Pratiquement pour chaque énoncé d’objectifs de l’administration américaine, il manque une stratégie claire et précise. La nature des engagements reste vague et bien que la doctrine explique bien que les conditions ont profondément évolué et que la dissuasion d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle de la Guerre Froide, elle ne dit pas comment l’adaptation se fera! Enfin, pas un mot, pas une corrélation avec les incidences budgétaires alors que l’on se prépare à une grande noirceur budgétaire américaine, quel que soit l’essor de la bourse!

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About the Author

Ferry de Kerckhove was born in Belgium in 1947. He has a B.Soc. Sc. Honours in Economics, an M.A. in Political Science from the University of Ottawa and pursued Ph.D. Studies at Laval University in Québec City.

He joined the Canadian Foreign Service in September 1973. From 1981 to 1985, he was Economic Counsellor at the Canadian Delegation to NATO. In September 1992, he was posted to Moscow as Minister and Deputy Head of Mission. In 1995 he became Associate Chief Air Negotiator, then Deputy Head of the Policy Branch and Director-General, Federal-Provincial Relations in Foreign Affairs and International Trade. He was named High Commissioner to the Islamic Republic of Pakistan in August 1998. In September 2001, he became Ambassador to the Republic of Indonesia. He was also accredited to Timor Leste.

In September 2003 he joined the Faculty of Social Sciences at the University of Ottawa as a Canadian Center for Management Development Diplomat in Residence. In 2004 he became Director General, International Organizations. In July 2006, he added to his responsibilities the function of Personal representative of the Prime Minister for Francophonie. In 2008 he was named ambassador to the Arab Republic of Egypt.

He retired from the Foreign Service on September 23d, 2011. He is a Senior Fellow at the Graduate School of Public and International Affairs, Faculty of Social Sciences, University of Ottawa, a Fellow of the Canadian Global Affairs Institute, and a Member of the Board of the Conference of Defence Associations Institute. He is the author of the CDA Institute’s Strategic Outlook for Canada 2016. He is a former board member of WIND Mobile Canada. He is President of Ferry de Kerckhove International Consultants Inc.

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Canadian Global Affairs Institute

The Canadian Global Affairs Institute focuses on the entire range of Canada’s international relations in all its forms including (in partnership with the University of Calgary’s School of Public Policy), trade investment and international capacity building. Successor to the Canadian Defence and Foreign Affairs Institute (CDFAI, which was established in 2001), the Institute works to inform Canadians about the importance of having a respected and influential voice in those parts of the globe where Canada has significant interests due to trade and investment, origins of Canada’s population, geographic security (and especially security of North America in conjunction with the United States), social development, or the peace and freedom of allied nations. The Institute aims to demonstrate to Canadians the importance of comprehensive foreign, defence and trade policies which both express our values and represent our interests.

The Institute was created to bridge the gap between what Canadians need to know about Canadian international activities and what they do know. Historically Canadians have tended to look abroad out of a search for markets because Canada depends heavily on foreign trade. In the modern post-Cold War world, however, global security and stability have become the bedrocks of global commerce and the free movement of people, goods and ideas across international boundaries. Canada has striven to open the world since the 1930s and was a driving factor behind the adoption of the main structures which underpin globalization such as the International Monetary Fund, the World Bank, the World Trade Organization and emerging free trade networks connecting dozens of international economies. The Canadian Global Affairs Institute recognizes Canada’s contribution to a globalized world and aims to inform Canadians about Canada’s role in that process and the connection between globalization and security.

In all its activities the Institute is a charitable, non-partisan, non-advocacy organization that provides a platform for a variety of viewpoints. It is supported financially by the contributions of individuals, foundations, and corporations. Conclusions or opinions expressed in Institute publications and programs are those of the author(s) and do not necessarily reflect the views of Institute staff, fellows, directors, advisors or any individuals or organizations that provide financial support to, or collaborate with, the Institute.

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