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Sans transition: Une nouvelle histoire de l’énergie

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Image credit: SEUIL

BOOK REVIEW

"Sans transition: Une nouvelle histoire de l’énergie"
by Jean-Baptiste Fressoz
Seuil, January 2024

Reviewed by Yvan Cliche

2024 offered a highly controversial start to the energy debate in France. On the front page of the new book by science historian Jean-Baptiste Fressoz, the following announcement appears in capital letters: THE ENERGY TRANSITION WILL NOT HAPPEN.

Unsurprisingly, in a country where debating is a national sport, the publication of this book ignited heated discussions and earned its author front-page coverage in mainstream media. The author was harshly criticized in many quarters for this banner on the book’s cover.

Six renowned intellectuals published a collective letter in Le Monde on January 22, 2024. They wrote: “This ecological declinism is not only largely unfounded, but also likely to undermine ambitions in the fight against climate change. Asserting that the transition is impossible is the best way to ensure that it never happens.”

So, what does Fressoz say in his book that shocks so many people?

He argues that the industrialization of the 19th and 20th centuries did not give rise to any energy transition. The history of energy is often presented as a transition, from wood to coal, then to oil, then to gas and, more recently, to renewable energies. In short, it is history as a series of phases, with one form of energy replacing another. Fressoz says this “transitionist scheme” is wrong. 

The “new” does not make the “old” disappear, he argues. Fressoz draws on a wealth of data and his book includes almost 800 footnotes.

Far from replacing one form of energy with another, the world has instead experienced energy symbioses: different forms of energy have been added, without replacing each other.

For example, Fressoz says, the use of wood has grown, thanks to oil (trucks can travel deeper into forests). Oil has grown, thanks to wooden barrels. Renewable energies have expanded, thanks to steel and cement produced by fossil fuels. Oil enables the world to transport more coal. All these forms of energy are intertwined: they grow symbiotically. They support each other, building upon rather than substituting for one another.

Fressoz writes: “After two centuries of ‘energy transitions,’ humanity has never burned so much oil and gas, so much coal and even so much wood. Every year, around two billion m3 of wood are cut for direct consumption, three times more than a century ago.”

For example, coal is far from being an energy of the past. China burns 15 times more coal than England did at its peak, and more than France did in its entire history.

What does this mean? If we really want to succeed in the energy transition, says Fressoz, and move on from a modern economy based on the massive production of steel, cement and plastics, all of which are carbon-based, we need to better understand these powerful energy dynamics.

He likens the current transition challenge to a sudden amputation. “The climate imperative does not call for a new energy transition, but for a voluntary and enormous energy self-amputation: to get rid, in four decades, of the share of the world’s energy – more than three-quarters – derived from fossil fuels.”

Fressoz says we should stop deluding ourselves that in 2050 the world will have switched from one form of energy to another, based on the hope of a transition that, in fact, never happened in the past. To reduce CO2 emissions, we need more comprehensive and rigorous climate policies, something that is admittedly less enchanting, but far more realistic.

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"Sans transition: Une nouvelle histoire de l’énergie"
par Jean-Baptiste Fressoz
Seuil, janvier 2024

Revu par Yvan Cliche

En 2024, la discussion énergétique en France a débuté sur une vive controverse : il y a de quoi. Sur la bande publicitaire du livre de l’historien des sciences Jean-Baptiste Fressoz, il y a cette annonce, en lettres majuscules : LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE N’AURA PAS LIEU.

Sans surprise dans ce pays où le débat est un sport national, la parution de cet essai a enflammé les discussions et a valu à son auteur la page frontispice de médias grand public, dont celle du magazine L’OBS (18–24 janvier 2024).

Avec cette banderole publicitaire en couverture du livre, l’auteur a été pris à partie, dans plusieurs milieux.

À preuve, six intellectuels de renom se sont fendus d’une lettre collective dans le journal Le Monde (22 janvier 2024). Ils écrivent : « Ce déclinisme écologique est non seulement grandement infondé, mais également de nature à plomber les ambitions dans la lutte contre le changement climatique. Affirmer que la transition est impossible, c’est le meilleur moyen de ne jamais l’engager. »

Alors, que dit dans son ouvrage M. Fressoz qui choque tant de monde?

L’industrialisation du 19e et du 20e siècle n’a donné lieu à aucune transition, avance l’auteur. On présente souvent l’histoire de l’énergie comme celle d’une transition, de phases, du bois, vers le charbon, puis vers le pétrole, puis vers le gaz et, plus récemment, vers les énergies renouvelables.

En somme, une histoire décrite comme une série de basculements, où une forme d’énergie en remplace une autre.

Or, ce schéma « transitionniste », selon l’expression de Fressoz, est faux.

Le nouveau ne fait pas disparaitre l’ancien, avance le chercheur, qui s’appuie sur de nombreuses données et sur près de 800 notes.

Loin de remplacer une énergie par une autre, le monde a plutôt connu des « symbioses énergétiques » : les différentes formes d’énergie se sont accumulées, sans se remplacer.

Chaque forme d’énergie aide l’autre à se développer : la consommation de l’un amplifie celle de l’autre, dans une logique additive.

Par exemple, dit le chercheur s’appuyant sur moultes données, le bois a cru grâce au pétrole (grâce aux camions pouvant pénétrer plus profondément dans les forêts, l’industrie de l’emballage) ; le pétrole a cru grâce aux tonneaux de bois ; les énergies renouvelables ont pris de l’expansion grâce à l’acier et au ciment produit par des fossiles ; le pétrole permet de transporter plus de charbon; bref, toutes ces énergies sont étroitement imbriquées : elles croissent de manière symbiotique. Elles s’épaulent, s’additionnent plutôt que de se substituer.

L’auteur écrit : « Après deux siècles de « transitions énergétiques », l’humanité n’a autant brûlé autant de pétrole et de gaz, autant de charbon et même autant de bois. Chaque année, environ deux milliards de m3 de bois sont abattus afin d’être directement consumés, soit trois fois plus qu’un siècle plus tôt. » (p.14)

Le charbon ? Loin d’être une énergie du passée, la Chine brûle quinze fois plus de charbon que l’Angleterre à son maximum historique et davantage que la France durant toute son histoire.

Qu’en conclure ? Si on veut réussir vraiment la transition énergétique, dit Fressoz, d’une économie moderne axée sur une production massive d’acier, de ciment, de plastique, dont la production repose sur du carbone, il importe de bien mieux comprendre ces puissantes dynamiques énergétiques.

Il compare ce défi de la transition tel que prôné présentement à une amputation. « L’impératif climatique ne commande pas une nouvelle transition énergétique, mais oblige à opérer, volontairement, une énorme autoamputation énergétique : se défaire en quatre décennies de la part de l’énergie mondiale – plus des trois quarts – issue des fossiles. »

En gros, dit Fressoz, cessons de nous berner d’illusions sur un monde qui, en 2050, aurait pleinement bougé d’une forme d’énergie à une autre, sur l’espoir d’une transition qui n’a, dans les faits, jamais existé. Pour diminuer les émissions de CO2, il faut des politiques climatiques bien plus complètes et rigoureuses, certes moins enchanteresses, mais bien plus réalistes.

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  • Cgai Staff
    published this page in Book Reviews 2024-02-27 17:52:43 -0500
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