Élections de Donald Trump: le Canada ne doit pas abandonner le Mexique
par Guillaume St-Pierre (avec Colin Robertson)
TVA Nouvelles
le 24 novembre 2016
Alors que le président élu américain Donald Trump est prêt à brûler les ponts avec le Mexique, le Canada doit à l’inverse resserrer ses liens avec ce pays.
C’est du moins l’avis de deux experts entendus devant un comité du Sénat, jeudi.
Le chercheur de l’Université de Calgary, Colin Robertson, a dressé un constat sans appel: l’élection de Donald Trump à la Maison-Blanche perturbe avec la même intensité que les attentats du 11 septembre la relation tripartite entre le Canada, le Mexique et les États-Unis.
Bien qu'il ait adouci ses positions depuis les élections, Donald Trump a promis de renvoyer des millions de Mexicains «illégaux», de construire un mur à la frontière du Mexique et de déchirer le traité commercial liant les trois pays d'Amérique du Nord.
Dans ce contexte, le gouvernement canadien doit résister à la tentation de tourner le dos à son partenaire mexicain, comme l’ont suggéré certains depuis l’élection de M. Trump.
«Je pense que c’est la mauvaise approche, a affirmé M. Robertson. Nous devons au contraire collaborer avec le Mexique sur les enjeux qui nous concernent.»
Sur l’environnement, par exemple, si les États-Unis décident de se retirer de l’Accord de Paris, «il y a beaucoup de choses que nous pouvons accomplir avec le Mexique», a-t-il expliqué.
Concernant les dossiers touchant à l’énergie, au commerce, ainsi que le sort de l’ALÉNA, Ottawa doit aussi garder ouverts les canaux de communications avec le gouvernement du président mexicain Enrique Peña Nieto, a ajouté l’expert.
La directrice de l’Institut canadien, Laura Dawson, est tout aussi catégorique: «Se désengager du Mexique ne nous permettra pas d’atteindre nos objectifs stratégiques», a-t-elle dit.
«Cela ne va pas améliorer notre relation avec les États-Unis», a-t-elle prévenu. Selon la chercheuse, l’importance des relations canado-mexicaines est souvent sous-estimée en raison de barrières géographiques, culturelles et linguistiques.
Conserver des liens étroits avec le Mexique est aussi une bonne idée du point de vue des affaires, a plaidé Mme Dawson.
«Le Mexique ne vole pas des emplois au Canada. Il en crée, a-t-elle dit. Il offre de la main-d’oeuvre spécialisée et performante.»
Le marché mexicain est aussi une mine d’or pour les entreprises canadiennes, avec ses quelque 40 millions de personnes faisant partie «de la classe moyenne».
«Cette population veut se procurer des biens que le Canada a à vendre», a-t-elle affirmé, citant les «produits de beauté, les aliments de luxe, et les services financiers».
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